Evolution comparative de la propagation de COVID-19 au Bénin et dans les pays voisins de mai à juillet 2020

L'évolution des nouveaux cas tous les 14 jours a établi un PIC au Bénin entre le 15 et le 29 juin 2020, avec 745 nouveaux cas enregistrés en 14 jours à la date du 29 juin. Avec ce PIC initialement annoncé par les autorités sanitaires pour être enregistré un mois plus tôt et à un niveau prévu 5 à 6 fois plus bas, le Bénin est passé à une vitesse de croisière, au-dessus des 3 pays voisins (Togo, Burkina Faso, Niger), atteignant 1421 cas confirmés au total, sur la courbe des 30 derniers jours (du 15 juin au 15 juillet 2020) de présence de COVID-19. Cette flambée de la propagation au Bénin, s'est observée en l'espace de 30 jours, après que le Bénin soit resté largement en dessous des 3 pays voisins, au cours des 90 premiers jours d’apparition de COVID-19, entre le 15 mars et le 15 juin 2020. Deux principales explications sont retenues et plusieurs perspectives d’analyses d’impacts de COVID-19 sont proposées, pour cette évolution comparative.

Deux explications sont retenues pour cette évolution comparative à savoir (i) une différence de la stratégie du Bénin par rapport aux voisins, (ii) une différence dans la nature des statistiques de COVID-19 au Bénin.

Sur le plan stratégique, le Bénin a opté pour l’assouplissement des mesures à partir de mai 2020 permettant ainsi la poursuite des activités dans les différents secteurs, et favorisant du coup la progression plus rapide de la propagation de COVID-19.

Sur le plan statistique, le dépistage systématique au Bénin, inclus les cas asymptomatiques (sans symptômes) et non liés aux cas malades, dont la majorité ne seraient pas comptabilisés dans les autres pays.

Malgré la différence dans la nature des statistiques, la flambée au Bénin reste principalement due aux mesures adoptées par le Bénin, lorsqu’on compare les mêmes statistiques béninoises sur deux périodes à savoir du 15 mai au 15 juin (période où sont prises les mesures), puis du 15 juin au 15 juillet (période où s’observent les effets des mesures).

Quoique les facteurs climatiques de pluies, fraîcheur et humidité aient probablement facilité la propagation du virus, ces facteurs restent les même dans tous les quatre pays, et ne sauraient expliquer la particularité du Bénin, ni servir pour expliquer les évolutions comparatives.

En se limitant aux seules comparaisons de la propagation de COVID-19 dans les pays, on ne saurait pas apprécier les stratégies et leurs effets, sans analyser les réels impacts en termes de conséquences de chaque stratégie en matière de décès, de coûts de prise en charge, de coûts et effets pour l’activité économique et la vie sociale dans les différents pays.

En effet, dans ces perspectives d'analyses d'impacts des mesures ou stratégies et conéquences de COVID-19, on pourrait opposer, d'une part (i) les mesures de surveillance et de prise en charge systématique des cas confirmés appuyées par les chiffres de décès, aux (ii) coûts de prises en charge et pertes ou gains économiques et sociaux, de la poursuite ou non des activités dans les différents secteurs, d'autre part.

En conclusion, les évolutions comparatives observées, sont liées aux différences stratégiques et statistiques qui caractérisent l'originalité des mesures béninoises, dont il faudrait éviter d'apprécier les impacts en se limitant aux indicateurs basiques de la propagation de COVID-19. Nos futures analyses vont tenter d'approfondir ces perspectives comparatives des effets et impacts de COVID-19 et stratégies des pays...