Lettre ouverte n°003 aux Acteurs est une contribution du Réseau Citoyen de Plaidoyer avec l'appui du Laboratoire d'Analyse des Crises au Bénin (LAC-Bénin) pour les ANALYSE ET CONTRIBUTION AUX PROPOSITION DES PARTIS POLITIQUES POUR DES DISPOSITIONS CONSENSUELLES D’ORGANISATION DES LEGISLATIVES INCLUSIVES A BONNE DATE EN 2019
Depuis le 06 mars 2019, le Président de la République a demandé aux acteurs politique, de proposer une solution consensuelle, pour la tenue des législatives inclusives à bonne date dans le respect des lois, suite à l’annonce par la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA), des déclarations de candidatures retenues après l’enregistrement. Le Réseau Citoyen de Plaidoyer avec l’appui du Laboratoire d’Analyse des Crises au Bénin (LAC-Bénin), a adressé les 07 et 18 mars 2019, deux contributions à travers des lettres ouvertes aux Acteurs. Le 18 mars 2019, les partis politiques consultés par le Président de l’Assemblée Nationale à travers un processus de propositions, ont délivré les différentes positions qui ont abouti à des projets soumis pour adoption. Une analyse desdites positions et propositions est faite par Réseau Citoyen de Plaidoyer puis leur synthèse a permis, d’actualiser les contributions.
I-SYNTHESE DES POSITIONS RECENSEES ET PROPOSITIONS EXPRIMEES
1-Positions recensées
Au total neuf (9) partis politiques ayant une existence légale à la date de l’enregistrement initial des déclarations de candidatures, ont exprimé sept (7) positions différentes qui portent sur neuf (9) points à savoir : (i) la Charte des partis politiques, (ii) le Code électoral, (iii) le Processus et calendrier électoral, (iv) le Certificat de conformité, (v) le Quitus fiscal, (vi) les Déclarations de candidature, (vii) les Comptes prévisionnels de campagne, (viii) l’Eligibilité des partis et répartition des sièges, (ix) l’Amnistie et grâce présidentielle aux compatriotes.
2-Synthèse des positions
Les principales positions se résument en trois grandes catégories de propositions à savoir : (i) Statut quo et Consensus, (ii) Modification et Relecture, (iii) Abrogation et Arrêt.
L’impératif du Consensus pour toute proposition amène à exclure toute proposition extrême qui ne puisse pas être favorable au Consensus.
Ainsi, les propositions d’abrogation des lois et d’arrêt du processus, ne permettent pas une convergence avec les positions de statut quo et de consensus, ni avec les autres positions et risquent en particulier de conduire à un vide constitutionnel et à une atteinte à l’équilibre des pouvoir, à l’expiration du mandat de l’Assemblée Nationale.
Il est donc recommandé, de statuer sur les positions de modification/relecture, en tenant compte des contraintes liées aux positions de statut quo et celle de l’abrogation.
3-Synthèse des propositions exprimées
Les propositions exprimées ont abouti à trois (3) projets de modification respectivement sur (i) la Charte des partis politiques, (ii) le Code électoral, (iii) la Constitution.
Bien que la Constitution n’ait été évoquée par aucun parti politique un projet de révision porte sur le délai d’expiration du Mandat en cours.
II-ANALYSE DES PROPOSITIONS ET PROJET DE MODIFICATION DE LOIS
1-Concernant la modification de la Constitution :
L’analyse des propositions suggère que celle qui porte sur l’article 80 de la Constitution doit être laissée, en raison de : (i) l’exception que constituent les législatives de 2019, (ii) les possibilités de modification dans le Code électoral, des délais entre l’enregistrement et la campagne électorale pour le respect du calendrier initial en vue de la tenue du scrutin, (iii) les possibilités d’application des articles 17, 40 et 41 en cas d’annulation, et article 50 en cas de report, prévus dans le Code électoral.
2-Concernant la modification de la Charte des partis politiques :
La modification de la Charte des partis politiques dans le cadre des législatives de 2019, ne doit pas porter sur le fond et l’application de cette Charte, mais plutôt sur les dispositions transitoires à prévoir, pour que le Code électoral précise les conditions exceptionnelles, de participation des partis politiques à l’élection qui intervient au lendemain de l’adoption dudit Code, et dont certains actes et décisions de portée législatives sont précisés à moins de six (6) mois de l’élection.
3-Concernant la modification du Code électoral :
La modification du Code électoral doit essentiellement comporter les dispositions
transitoires pour les législatives de 2019, en tenant compte des propositions formulées par les partis politiques, pour assurer l’exigence du consensus, sans une remise en cause de la loi dans le fond, sauf sur des dispositions qui n’appellent aucune divergence, notamment les clarifications ou corrections de dispositions susceptibles d’engendrer des blocages.
A titre préventif et anticipatif, la loi peut prévoir la mise en place d’un cadre de concertation du consensus (CCC) des acteurs impliqués dans le processus électoral, pour le déblocage des situations non prévues par la loi.
III-PROPOSITIONS COMPLEMENTAIRES NON LEGISLATIVES
1-Les actes non législatifs en général :
Les modifications proposées sur les lois ci-dessus, peuvent être prises en compte ou
encadrées, par des actes et processus non législatifs, à travers des initiatives des pouvoirs qui garantissent la bonne exécution des lois électorales ou connexes.
2-Les actes du pouvoir exécutif :
Le Président de la République et le gouvernement, au titre de dispositions exceptionnelles conformément aux articles 66, 68, 69, 81, doivent prendre des dispositions spéciales par décrets et arrêtés, pour faciliter l’application des lois.
3-Les décisions de la Cour Constitutionnelle :
La Cour Constitutionnelle au titre des prérogatives du contentieux général de l’élection, doit prendre des décisions d’annulation ou prolongation d’une étape ou de l’ensemble du processus électoral, en vue l’application des lois dérogatoires.
IV-QUINZE (15) DISPOSITIONS EN CINQ (5) PROJETS A ADOPTER
Projet 1-Modifications de la Charte des partis politiques
Dispositions transitoires
(i) Habilitation des partis politiques aux statut des anciens et nouveaux régimes : A titre exceptionnel, nonobstant les dispositions prévues par la Charte des partis politique pour l’existence légale des partis politiques, le code électoral définit les conditions exceptionnelles de participation des partis politiques aux élections organisées, dans les xxx mois suivant l’adoption de la charte des partis politiques.
Projet 2-Modifications du Code électoral
Dispositions transitoires
(ii) Existence légale des partis politiques : A titre exceptionnel, les partis politiques ayant une existence légale au cours des six mois après l’adoption du code, peuvent participer aux élections qui ont lieu dans un délai de xxx mois après l’adoption du présent Code.
(iii) Quitus fiscal : Pour les élections qui se déroulent dans les xxx mois suivant le vote du Code électoral, le quitus fiscal concerne les années précédant celle du vote de la loi.
(iv) Déclarations de candidatures : Dans le cadre des premières élections auxquelles s’appliquent le présent code, les déclarations de candidatures peuvent exceptionnellement faire l’objet de corrections de manquement mineures arrêtés par la CENA ou jugés comme mineurs par la Cour Constitutionnelle en cas de contentieux.
Dispositions complémentaires
(v) Délais d’enregistrement des candidatures avant le scrutin : Nonobstant le délai de 45 jours prévu par l’article xxx, le délai avant le scrutin, pour l’enregistrement des déclarations de candidature en cas de reprise, peut être réduit et ne doit en aucun être inférieur à 72 heures avant l’ouverture de la campagne électorale.
(vi) Caractère inclusif des élections législatives : Les élections législatives sont
obligatoirement inclusives et ne peuvent à cet effet, se dérouler sans la participation d’au moins un parti politique de l’opposition pour des raisons liées à l’application des textes, dès lors que l’un au moins des partis politiques concernés est disposé à participer à ladite élection.
(vii) Condition de participation des partis politiques : Une preuve d’existence légale ou de conformité à la Charte des partis politiques ou aux conditions de participation prévues par le Code électoral, est requise et suffisante pour les déclarations de candidature de chaque parti politique ;
(viii) Conditions de validité des modifications de dispositions applicables aux élections : Pour être applicables dans le cadre d’une élection, toute modification des lois ou actes réglementaires intervenant à moins de six (06) mois de la date prévue pour les déclarations de candidatures, doit requérir le consentement des partis politiques ayant une existence légale ou candidats qui désirent participer à l’élection concernée.
(ix) Eligibilité des partis politiques à l’attribution des sièges : Les clarifications et
modifications de l’article 242 à compléter si consensuelles ou la mise en place d’un cadre concertation du consensus (CCC) à la demande de l’une des institutions officielles ou la majorité des partis politiques et candidats impliqués dans l’élection, à prévoir pour les cas de difficultés ou de blocages liées au processus électoral ou aux résultats non prévus par le Code électoral.
Projet 3-Décisions de la Cour Constitutionnelle
Au titre de règlement du contentieux général des législatives
(x) Décisions de régularité, applicabilité et exigences d’inclusion : Nonobstant la
régularité du processus électoral dans l’application des textes et lois adoptés, constate que le processus électoral est compromis dans l'esprit de la Constitution et des lois, du point de vue de la participation démocratique et la préservation de la paix. Décide de la conformité des dispositions exceptionnelles consensuelles pour la poursuite de l’élection par un processus complémentaire d’enregistrement des déclarations de candidature. Les déclarations de candidatures ayant obtenu un récépissé de la CENA lors d’un enregistrement initial pour la même élection, conservent la validité de leurs déclarations de candidature en cas de reprise ou d’enregistrement complémentaire. Les partis politiques concernés ont le choix de reprendre leur enregistrement dans les mêmes conditions que ceux qui participent à l’enregistrement complémentaire.
Au titre du règlement du contentieux sur le certificat de conformité
(xi) Décisions de portée législative sur le code électoral : Nonobstant la décision portant introduction du certificat de conformité et conformément aux dispositions transitoires ou complémentaires des lois dérogatoires du Code électoral et de la charte des partis politiques, les partis politiques remplissant les conditions prévues pour les législatives de 2019, sont autorisés à présenter toute preuve d’existence légale tenant lieu de conformité à la loi.
Projet 4-Initiatives, décrets et arrêtés présidentiels et ministériels
Initiatives et actes du Président de la République
(xii) Prérogatives présidentielles en cas de blocage ou de risques liés au respect des délais constitutionnels : Le Président de la République, conformément aux articles 66, 68, 69, 81, en se référant à la jurisprudence du délai de convocation du second tour de l’élection présidentielle de 2006, doit en cas d’urgence ou de risques de menaces quelconque au respect de la constitution, prendre des initiatives de projets de lois, à introduire pour le déroulement du processus électoral.
Textes spécifiques de mise en application des lois
(xiii) Arrêté d’application des exigences du code électoral liées au Quitus fiscal : Une procédure spéciale de délivrance en urgence du Quitus fiscal des 3 années qui précédent l’année d’adoption du code électoral, doit être prise par arrêté du Ministre des finances.
(xiv) Arrêté d’application des exigences du Code électoral liées à l’existence légale des partis politiques : Une procédure exceptionnelle d’étude des dossiers d’enregistrement des partis politiques doit être prise par arrêté du Ministre de l’intérieur, pour conduire le processus permettant aux partis politiques qui le souhaitent de finaliser leurs formalités.
Projet 5-Révision du calendrier par la CENA
(xv) Révision consensuelle du calendrier par la CENA avec les partis politiques : En
application des dispositions de l’article 50 du Code électoral sur le report de l’élection,
nonobstant les recommandations de respect de la date initiale pour l’élection, la révision consensuelle du calendrier électoral est requis pour un bon déroulement du processus.
Cotonou, le 19 mars 2019
Le Réseau Citoyen de Plaidoyer